Article publié le 30/11/2023
Temps de lecture : 4min
Exposition I AM…, Mars 2023. De gauche à droite : Barbara Bezina, 2023, I’m everything you don’t see – 2023 Photography, painting ; Sasha Katz, Young woman is doing her laundry in the hotel room, 2023, 3D ; Marissa Noana, proteja sua criança, 2023, Digital painting.
Catalogue, expositions, ateliers… Le collectif GXRLS Revolution fondé en 2021, met en avant 100 artistes de toutes nationalités. Leur point commun ? Ce sont toutes des artistes femmes évoluant dans la sphère du crypto-art (NFT). Présentation de ce collectif dont plusieurs membres sont également adhérentes au réseau HACNUM.
Dans le domaine de la culture, la lutte contre les inégalités se joue dans les établissements culturels (lire “Des rencontres pour visibiliser les femmes de la culture”), mais pas seulement ! L’explosion en 2021 du phénomène NFT a également révélé une forte disparité sur internet entre les femmes et les hommes issu·es du crypto-art (l’art numérique liée à une technologie blockchain). “Dans beaucoup de milieux culturels ou dans les écoles d’art, on remarque un effort en faveur de l’égalité et de la parité. Pourtant il y a beaucoup moins de femmes crypto-artistes que d’hommes.” constate Joséphine Louis, membre de GXRLS Revolution et fondatrice de la Funghi Gallery. Les causes de ces inégalités sont multiples : “C’est un monde où la tech est très présente. Dans l’imaginaire collectif, les hommes s’y projettent plus facilement. Par ailleurs l’aspect financier de la crypto-monnaie est plus facilement associé aux hommes et a parfois un côté repoussoir pour les femmes.” Quand bien même les femmes sont moins présentes dans le domaine du crypto-art, celles présentes sont aussi moins visibles. “En 2021, au moment de la vente de record de Beeple, on a commencé à voir qu’il y avait de plus en plus d’expositions NFT et très peu de femmes programmées.” poursuit Annelise Stern, co-fondatrice de GXRLS Revolution.
Visibiliser et représenter les intérêts de 100 artistes
Loin d’être fatalistes, Annelise Stern et Jessy Jeanne ont alors décidé de bouger les lignes en montant un collectif de femmes issues du crypto-art. “On s’est rencontrées sur Instagram et très rapidement on s’est dits qu’on allait créer un listing de 100 femmes artistes et non binaires.” introduit Annelise Stern. Ce listing de 100 cryptos-artistes se matérialise par un dense catalogue à destination des curateur·rices, collectionneur·euses, historien·nes, journalistes et de tout·es amateur·rices d’art. “Notre catalogue fait 280 pages. On y retrouve des contenus sur les inégalités dans le crypto-art et une présentation de chaque artiste avec des textes leur permettant de les inscrire dans l’histoire de l’art.” poursuit Annelise Stern. Ce catalogue, téléchargeable gratuitement, permet de visibiliser le travail de ces artistes issues des quatre coins du monde et aux réalités sociales différentes. “Quand on est une artiste iranienne, la question de la visibilité est sensible car elle touche le droit d’être artiste. C’est aussi pour cela qu’il est important de montrer ces travaux auprès d’une communauté mondiale.”
La lecture du catalogue permet également de se rendre compte de l’étendue des esthétiques et des formes possibles dans le crypto-art, trop souvent confondu avec le pixel art et les collectibles. “Nous sommes 5 curactrices au sein de GXRLS Revolution (ndlr Annelise Stern, Jessy Jeanne, Léa Duhem, Josephine Louis, Marie-Odile Falais sont également historiennes de l’art, spécialistes du genre, curatrices, galeristes et collectionneuses…). Chacune d’entre nous est en contact avec une vingtaine d’artistes. L’intérêt est d’avoir des regards artistiques très différents.” explique Léa Duhem. Cela va de l’autoportrait photo d’artistes de l’Europe de l’Est à des artistes travaillant la poésie générative, en passant par des œuvres chorégraphiques, des esthétiques numériques pop et girly… Le tout incarné par des artistes confirmées et émergeantes.
Des expositions pour les artistes et les collectionneur·euses
Ces crypto-artistes sont également présentées lors d’expositions organisées par GXRLS Revolution. “Certaines d’entre nous avaient déjà organisé des événements, alors nous avons réfléchi à un modèle phygital (ndlr des événements en présentiel et sur internet) où l’on présente une partie des artistes du collectif. Notre but est d’amener des collectionneur·euses de l’art traditionnel à s’intéresser au crypto-art.” explique Annelise Stern, co-fondatrice de GXRLS Revolution. Dans cette logique, deux expositions ont déjà été organisées dans des galeries parisiennes. “Nos deux premiers événements ont permis de vendre des œuvres pour près de 35 000€. Plusieurs de nos artistes ont multiplié leurs cotation.” poursuit la co-fondatrice.
Une des clés de réussite de ces événements réside dans le fait d’accompagner autant les artistes du collectif que les collectioneur·rices dans l’achat de leurs premières œuvres. “Lors des expositions nous organisons des ateliers pour aider les collectionneur·euses à créer un wallet.” précise Léa Duhem. Et en observant le milieu des collectionneur·rices, on retrouve également un manque de parité entre les femmes et les hommes : “Nous avons remarqué qu’il y a peu de collectionneuses. En partie causé par le fait qu’on inculque moins aux femmes la culture de l’investissement financier.” analyse Annelise Stern. Chiffres à l’appui, l’enquête de KPMG pour l’Adan montre que les investisseur·eurses français·es dans les crypto-monnaies sont représentés à 60% par des hommes et 40% par des femmes. Cela donne de nouvelles idées à GXRLS Revolution qui pourrait, en plus de publier un catalogue actualisé, travailler spécialement sur des actions de visibilisation des collectionneuses en France et à l’étranger.
Rédaction Adrien Cornelissen
Les artistes sélectionnées par GXRLS Revolution
Aempatia, Albertine Meunier, Alohaleila, Amanda Homem, Angelika Kollin, Anna Malina, Anne Gade, Arbstein, Ayla El-Moussa, Barbara Bezina, Bárbara Ramos, Brandfuet, Byviki, Cazlab, CECHK, Ceren Yuzgul, Constance Valero, cymoonv, Eleni Tomadaki, Elina Crespi, Elizabedsh, Eliza Struthers-Jobin, Emma Vauloup, Estelle Flores, Ethel Lilienfeld, Farah, Fatimah Hossaini, Florencia S.M. Brück, Foksynes, Folky, Gisel Florez, Goldysucci, Hermine Bourdin, Ines Alpha, Iness Rychlik, Irina Angles, Ivona Tau, Jenni Pasanen, JessyJeanne, Joanna (Serene Obscurity), Joaquina Salgado, Julie Grosche, June K, Kakdesh, Katerina Vakulinska, Krista Kim, Lapin Mignon, Lauren Moffatt, Lenni Bochkaryova, Linda Dounia, Linda Loh, Lisa McKenna, Lise Okita, Luciana Guerra, Ludmila Pandolfo, Luluxxx, Luna Mabel, M0ther, Makam, Maria Fynsk Norup, Maria Pleshkova, Marina Núñez, Marine Bléhaut, Marissa Noana, Marjan Moghaddam, Marzipan Physics, Megan Laurent, Melissa Martinez, Mia Forrest, Mis Al Simpson, Monikque Art, Nana Hank, Nickelly Garbaje, Nicole Ruggiero, Nour Hage, Nurart, Orabel, Paola Pinna, Plastiqu33n, Princess Tuti, Rebecca Fiaschi, Reyhan Mente, Sabrina Ratté, Sarah Meyohas, Sarisa Kojima, Sasha Katz, Sasha Stiles, Selay Karasu, Sheidlina, Sisslug, Sofia Crespo, Sophia Kay, Sparrow, Squirterer, Stellabelle, Varrogan, VFX Maria, Violet Forest, Yeli, Yinkore.
L’auteur de l’article Au fil de ses expériences, Adrien Cornelissen a développé une expertise sur les problématiques liées à l’innovation et la création numérique. Il a collaboré avec une dizaine de magazines français dont Fisheye Immersive, XRMust, Usbek & Rica, Nectart ou la Revue AS. Il coordonne HACNUMedia qui explore les mutations engendrées par les technologies dans la création contemporaine. Adrien Cornelissen intervient dans des établissements d’enseignement supérieur et des structures de la création. |
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