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Au Cube Garges, les écolier·es dissèquent la Tech pour imaginer d’autres futurs 

Article publié le 05/07/2024

  • #RETEX

Temps de lecture : 4min

© Lucie Lesbats

Appréhender les mutations technologiques et les enjeux du développement durable tout en développant sa créativité et ses compétences numériques : voilà le projet ambitieux de Connect’It, programme en milieu scolaire porté par Le Cube Garges. Voici un retour d’expérience, à l’occasion de la restitution les 13 et 14 juin au Cube. 

Fabriquer ensemble pour mieux comprendre. Depuis son ouverture en 2023, Le Cube Garges porte auprès des écoles le projet Connect’It, un programme de quatre ateliers sur un mois pour apprendre les bases de la programmation et développer son esprit critique à travers la réalisation d’un projet interdisciplinaire, collectif et concret. « L’approche collaborative encourage la créativité, les idées divergentes et le débat constructif. Les élèves développent des scénarios du futur et se les approprient pour en devenir acteur », présente Lucie Laluque, directrice des pratiques numériques au Cube Garges. En toile de fond, l’écologie et les enjeux de développement durable. Depuis le début du programme, 2400 élèves du CM2 au lycée ont été accompagnés. 

© Lucie Lesbats

Sorti de terre en janvier 2023 à Garges-lès-Gonesse en association avec Le Cube Issy-les-Moulineaux, Le Cube Garges est un pôle d’innovation culturelle interdisciplinaire et numérique de 10 000 m². « Notre objectif est d’accompagner sur le numérique tous les publics, de la petite enfance aux séniors, avec un axe fort sur le renouveau créatif. Notre programmation est ouverte à tous et toutes, sans conditions et sans prérequis de niveau », détaille Lucie Laluque. Pour répondre à cet engagement « d’accessibilité universelle », Le Cube Garges a développé une panoplie de formats : ateliers à la séance pour découvrir certaines pratiques (podcast, poterie sonore, mapping vidéo, découpe laser…) ; parcours annuel autour de la création numérique (les participant·es pourront, la saison prochaine, profiter du fablab pour s’initier à la fabrication numérique, au design, textile ou encore à l’édition) ; accompagnement de projets ; workshops en partenariat avec l’Ircam et résidence d’artistes sur le territoire, etc. Ces programmes ont été récompensés par des prix d’innovation pédagogique, souligne Lucie Laluque, ont reçu le label de la Grande école du numérique et ont été déployés dans plus de 70 villes, dont Garges-lès-Gonesse. 

Connect’It fait partie des grands programmes de citoyenneté numérique, coordonnés par Jeanne Ragot. « Comment accompagner les jeunes pour qu’ils et elles deviennent des hackers civiques en herbe ? », résume Lucie Laluque. Il est issu de Connectons les écoles, portés de 2007 à 2022 par Le Cube Issy-les-Moulineaux pour mettre en relation écoliers et designers. Un succès : les élèves ont entre autres participé au prototypage de Ma Fabrique à histoires avec l’entreprise française Lunii, un appareil audio qui invite les enfants à inventer leurs propres récits, et un véritable carton commercial. 

Développer des compétences techniques et transversales

En devenant Connect’It, le programme ouvre sur d’autres dimensions. « La première séance est un débat introductif sur la notion de développement durable, les mutations qu’on peut observer et comment le numérique a sa place là-dedans. Cela permet de sensibiliser les élèves aux impacts environnementaux des nouvelles technologies, et de se demander comment développer des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement et créer des innovations technologiques qui contribuent à la durabilité environnementale », explique Lucie Laluque. 

Véritable projet éducatif, Connect’It permet de développer des compétences techniques de développement et prototypage en même temps que des compétences transversales : la prise de parole publique, le travail en équipe, l’esprit critique… « On accompagne les jeunes pour qu’ils comprennent le processus de création de logiciels, l’économie des plateformes, etc. Ils ouvrent la boîte noire pour avoir une approche d’acteurs citoyens éclairés. » Ces problématiques intéressent les participants tout autant que les enseignants, assure la directrice. « C’est une génération assez consciente, plus sensibilisée et responsabilisée sur ces mutations environnementales, sociales et culturelles. »

Toujours au cœur de la démarche, la créativité. « On allie littératie du futur et créativité pour permettre aux élèves de développer leur capacité à innover et à enrichir leur imaginaire », dit Lucie Laluque.

© Lucie Lesbats

Remise de trophées inter-écoles

À la fin de l’année, les élèves se rendent au Cube Garges pour présenter leurs projets. Un jury remet des trophées, fabriqués dans le fablab du Cube Garges : prix de la solidarité, de l’accès à l’eau, du design, coup de cœur… Tout le monde est gagnant et chaque classe repart avec sa médaille. 

Cette année, parmi les projets, le « Puit du bien-être », un puit pour purifier l’eau et fournir de l’eau potable grâce à de l’énergie solaire, le « Déchet ambulant », un bateau qui ramasse des déchets et filtre l’eau grâce à l’énergie solaire, « Interupbaite », un lampadaire intelligent qui s’active uniquement en présence de passants ou encore le « Trampokids », un trampoline capable de fournir de l’énergie en fonction de la densité des sauts des enfants. Toutes ces idées sont matérialisées dans des prototypes fabriqués en matériaux recyclables, notamment du carton, et qui intègre de la programmation grâce à une carte Microbit. Des projets ambitieux et optimistes qui n’empêchent pas l’esprit critique – ou « l’esprit complexe », préfère Lucie Laluque. « L’idée n’est pas d’être dans une dynamique solutionniste et créer un objet connecté qui répond à tous les grands enjeux sociétaux et environnementaux. Évidemment, on ne va pas régler la faim dans le monde avec un robot. La technologie peut être un outil parmi d’autres qui doit être intégrée dans un mouvement plus large de politiques et de changements des pratiques. »

Le Cube Garges a développé un Lab d’impact, en association avec des artistes, chercheur·euses et représentant·es d’institutions publiques, pour mesurer l’impact de leurs activités auprès des publics et du territoire. En attendant les résultats de l’étude, les retours sont enthousiastes : certain·es élèves auraient développé une passion pour l’informatique, d’autres ont compris que le numérique ne se limite pas aux réseaux sociaux. 

Prochaine étape : lier le programme Connect’It avec les expositions en cours et intégrer des artistes dans la démarche. Avec toujours un objectif : l’art et la créativité pour aborder la complexité.

Rédaction Elsa Ferreira 

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