Article publié le 04/09/2023
Temps de lecture : 3min
Si la culture est encore loin d’être exemplaire en matière d’égalité femmes-hommes*, des initiatives remarquables font avancer la visibilisation des femmes dans ce secteur. Exemple avec SALOON (réseau international pour les femmes dans le secteur artistique) qui organisait une rencontre en partenariat avec HACNUM (réseau national des arts hybrides et cultures numériques) le 10 juillet dernier à Marseille. Zoom sur cet événement qui a réuni une vingtaine de femmes venues de tous horizons.
Dans une ambiance polyglotte, des rires s’entremêlent aux discussions sérieuses d’une vingtaine de professionnelles artistes, curatrices, productrices, programmatrices issues de l’art contemporain. L’atmosphère chaleureuse et bienveillante fait partie de la marque de fabrique de SALOON. Tout est fidèle aux événements habituellement organisés. Pourtant cette rencontre revêt un caractère exceptionnel… D’abord parce qu’elle est organisée conjointement par SALOON et HACNUM. Ensuite parce que c’est le premier événement qui se déroule à Marseille (à la Friche la Belle de Mai). À cette occasion tout le board des antennes internationales de SALOON était présent (Bruxelles, Toronto, Berlin, Paris…). Ces rendez-vous – malicieux pied de nez aux anciens Salons parisiens et aux Saloons du Far West réservés aux hommes – ont un objectif clair : pendant quelques heures les membres se présentent, échangent sur des œuvres, des projets réalisés ou des expositions à venir facilitant ainsi l’intégration des femmes de la culture notamment dans les processus de curation.
Mise en lumière d’artistes
Une projection de films de l’artiste canadienne et fondatrice de SALOON Toronto Rah Eleh a ainsi été programmée pendant cette journée. L’artiste marseillaise Cécile Babiole, engagée dans le collectif Roberte La Rousse (groupe cyberféministe travaillant sur la thématique langue, genre et technologie) a également pu présenter, quelques minutes durant, son travail aux autres membres. Une visibilisation nécessaire au regard des chiffres encore trop éloignés d’une parité entre femmes et hommes. En 2021, 42% d’oeuvres acquises par les FRAC étaient des oeuvres d’artistes femmes ; contre 23% en 2016, année pré #metoo. En 2021, 47% d’artistes femmes exposées dans les centres d’art ; contre 28% en 2016*.
La rencontre s’est prolongée autour d’un repas pour créer une dynamique informelle permettant d’impulser de nouveaux projets, de nouvelles collaborations ou tout type d’échange. Juliette Lefay, fondatrice de Art New Wave, une jeune agence créative basée à Lyon, témoigne de sa première participation à SALOON : “C’est inspirant de découvrir de nouvelles artistes. J’avais déjà entendu parler du réseau HACNUM quand j’ai commencé à m’intéresser à l’art numérique mais pas de SALOON. C’est une collègue qui m’a invitée à cet événement. Je suis étonnée de voir toutes ces femmes venant de l’Europe entière. Qu’on puisse se retrouver entre professionnelles, échanger sur nos enjeux, tisser des liens internationaux, partager des contacts, c’est vraiment précieux.”
Un événement renouvelé ?
Précieux au point de revoir plus fréquemment des événements estampillés SALOON x HACNUM ? Peut être bien à entendre les voix des responsables des deux structures. Côté HACNUM, Céline Berthoumieux, déléguée générale, assure qu’“il existe des rapports privilégiés avec SALOON (ndlr : certaines responsables d’antenne – comme Juliette Bibasse à Bruxelles – sont membres du réseau) et les deux fondatrices de SALOON Paris, Valentina Péri et Anne Roquigny. Elles étaient venues comme intervenantes aux côtés de Tina Sauerlander pour clôturer les rencontres professionnelles du festival Chroniques. Et puis HACNUM se reconnaît dans leurs actions et leur engagement en faveur de l’égalité F/H. HACNUM souhaite être le réseau des réseaux alors on va essayer de multiplier les collaborations dans une logique de transversalités et pour faire avancer les enjeux sociaux comme l’égalité femmes-hommes et la diversité.”
Côté SALOON, Tina Sauerlander, responsable des relations du réseau, affirme « C’est intéressant de mélanger les réseaux de l’art contemporain et de la création numérique. Ça crée des ponts. L’idée derrière SALOON Network est de mettre en relation des professionnelles de l’art dans différentes villes et de donner de la visibilité à nos membres. Marseille est un nouveau point de rencontre très intéressant, avec ses propres spécificités et un vrai courant créatif. Aujourd’hui, de nombreuses professionnelles habitent la région et travaillent dans d’autres villes comme Paris, Montpellier ou Arles. Marseille est donc une ville qui peut aussi permettre de nouvelles coopérations. En tout cas, nous sommes très heureuses de voir que l’événement d’aujourd’hui a créé des liens entre les membres de SALOON et HACNUM pour de futures collaborations à l’échelle internationale ».
Pour intégrer SALOON
Chaque femme travaillant sur la scène artistique peut postuler directement dans la ville de SALOON dans laquelle elle vit (il existe 13 antennes). Le board de chaque ville désignent leurs membres. Les critères de sélection sont : travailler en tant que professionnel de la scène des arts visuels en tant qu’artiste, conservatrice, écrivaine etc. et/ou avoir terminé au moins une étape de la formation supérieure dans le domaine des arts visuels. Actuellement près de 120 membres font partie de SALOON Paris.
Rédaction Adrien Cornelissen
* Source : Observatoire 2023 de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication
L’auteur de l’article Au fil de ses expériences, Adrien Cornelissen a développé une expertise sur les problématiques liées à l’innovation et la création numérique. Il a collaboré avec une dizaine de magazines français dont Fisheye Immersive, XRMust, Usbek & Rica, Nectart ou la Revue AS. Il coordonne HACNUMedia qui explore les mutations engendrées par les technologies dans la création contemporaine. Adrien Cornelissen intervient dans des établissements d’enseignement supérieur et des structures de la création. |
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